Pour retrouver de la motivation dans les équipes Savoir exalter les compétences
De nouvelles techniques d'animation d'équipes, inspirées notamment par les méthodes de travail des start-up, font leurs preuves et débarquent en agriculture. Exit les présentations PowerPoint.
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« Ce logiciel nous rend idiots », commentait en 2010 un général de l'armée américaine à propos du buzz créé par une diapositive PowerPoint incompréhensible présentée par le corps militaire et fustigée par Stanley McChrystal lui-même, commandant en chef des forces américaines et de l'Otan en Afghanistan. Ce constat désolant de la plus puissante armée du monde, alors enlisée dans le conflit irakien, a incité à prendre du recul sur l'organisation et la circulation de la pensée stratégique en entreprise.
Certaines imposent des journées sans e-mail, d'autres ont recours au coaching... Tout est bon pour revenir aux fondamentaux de l'esprit d'équipe et le célèbre logiciel de présentation tend à être montré du doigt. Il prend trop de place dans les échanges, simplifie l'expression de la pensée, disperse l'énergie et favorise des argumentaires courts et racoleurs. Rien de bon dans le cadre d'une démarche stratégique et créative. Face à cela, des techniques parfois anciennes ou jusqu'ici réservées à certains secteurs d'activité, percent dans des domaines où l'on ne les attendait pas, notamment l'agriculture. Depuis 2014, la chambre d'agriculture de la Manche adapte des BarCamps, une technique récente américaine d'échange et d'innovation, au service des agriculteurs, salariés d'organisations professionnelles agricoles et personnels de conseil. L'initiative doit être reprise prochainement en Bretagne et pourrait pourquoi pas débarquer dans le secteur de l'appro et de la collecte, tant y sont forts les enjeux du partage d'expériences et de créativité.
Libérer l'inventivité et l'expertise de chacun
Conférencier, expert, spectateur, spécialiste... le principe est de faire endosser à tous les participants, sur un même pied d'égalité, l'ensemble des rôles distribués dans une réunion. Créé par des grands noms de l'univers américain des start-up informatiques, le BarCamp est adapté aux échanges à distance et entre les différents métiers d'un projet. Mise à la sauce agricole par les équipes de la chambre d'agriculture, la technique fait quand même appel à la présence physique des personnes, en supprimant au contraire les éléments informatiques. Il leur est préféré le Paper Board et des blocs de post-it de toutes les couleurs qui finissent rapidement par remplir la pièce, au rythme où fusent les idées et réflexions des uns et des autres. Les discussions sont amorcées à l'aide du témoignage préparé à l'avance de l'un des participants sur la thématique abordée. « La seule règle du BarCamp, c'est de créer les conditions les plus favorables aux discussions. L'objectif est de générer des échanges imprévisibles et de faire émerger des idées inimaginables hors collectif en libérant la créativité et l'expertise de chacun. A partir de là nous avons défini des modalités qui nous semblaient les plus adaptées », avance Isabelle Bennehard, responsable du projet à la chambre d'agriculture de la Manche. Des animateurs dans chaque atelier font rebondir les idées et invitent ensuite les professionnels à faire une synthèse. « L'avantage pour eux, c'est aussi de sortir la tête du guidon et de retrouver de la motivation dans son travail avec de nouveaux projets, et la satisfaction que sa propre expérience a profité aux autres. Si les gens échangent leurs numéros de téléphone à la fin, alors on a tout gagné », abonde la responsable du projet.
Accélérer les échanges entre métiers
Sans parler de BarCamp, ou d'autres techniques modernes d'animation, les Maîtres laitiers du Cotentin sont entrés dans ce genre de démarche. Dans le cadre de la création de leur marque de producteurs Campagne de France, l'entreprise souhaite accélérer les échanges entre différents métiers, les valeurs coopératives, sans lesquelles le projet marketing serait vide de sens. Ils ont organisé en janvier dernier une grande rencontre sous forme d'ateliers et de temps d'échanges entre les différents corps de la coop, commerciaux de la distribution, professionnels de la laiterie et producteurs. « Un commercial doit connaître l'histoire du produit pour défendre un prix... chacun a besoin de mieux savoir comment fonctionne l'autre, constate Jacques Klimczak, responsable marketing de la coop. D'autres rencontres de ce type sont prévues. Ce qu'on peut rêver de mieux, c'est qu'elles fassent aussi émerger de nouvelles idées et de nouveaux projets pour l'entreprise. »
Alexis Dufumier
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